Dialogue et compréhension mutuelle :
Comment bâtir l’amitié Euro-Med ?
Dr. Saoud EL Mawla
Introduction:
L’information est du point de vue subjectif le plus courant le fait de savoir ce qui se passe, ce qui est au delà de nos sens et connaissances. La communication est le transfert d’informations d’une personne ou d’un groupe à une autre personne ou groupe, par des moyens (médias) qui ont une importance équivalente à celle des écoles et universités dans l’établissement de la société de connaissance.
Le sociologue canadien Marshall Mc Luhan affirmait en 1969 que les télécommunications allaient changer la face du monde et engendrer le progrès dans les pays non industrialisés, le monde ne ressemblant plus qu’à un « village global » (*). La même année le politologue américain Z. Brzezinski écrivait que le maillage de la planète par des réseaux informatiques était devenu une réalité qui marquerait les relations internationales (*). Depuis, quarante ans ont passé, et même si le monde ne ressemble en rien à la vision de Mc Luhan et Z. Brzezinski, force est de constater que les nouvelles technologies d’information et de communication ne sont pas sans incidence sur le plan international. Depuis le livre séminal de Martin Linsky (Impact: How the Press Affects Federal Policy Making, 1986) on a commencé à s’intéresser au rôle indispensable des médias dans le modelage du contexte social dans lequel sont élaborés les politiques (domestiques, mais aussi extérieures) car l’administration (et la formulation) des politiques est un processus « politique » affecté par divers facteurs socio-économiques (voir : Hofferbert, R.I., The Study of Public Policy, Indianapolis: Bobbs-Merrill, 1974). Les médias informent les citoyens, et leur font comprendre comment les politiques (domestiques ou extérieures) affectent leur vie. Les gouvernements apprennent aussi les réactions du public, et sont informés sur les effets de leurs politiques ainsi que sur les diverses opinions et oppositions. Les systèmes médiatiques jouent ainsi le rôle de tuyaux de communication entre ceux qui décident les politiques et ceux qui veulent influencer ces politiques. Les systèmes médiatiques contrôlent par là l’étendue et la portée du discours politique et régulent le flux d’information (Hofferbert, ibid.) (Voir aussi : Kingdon, J.W. : « Agendas, alternatives, and public policies ». New York : Harper Collins College Publishers, 1995). Dans une société libérale démocratique, les médias critiquent les affaires gouvernementales.C’est le 4ême pouvoir ; il tient les gouvernements responsables de leurs politiques en expliquant les choses au public. Mais le dérèglement systématique des systèmes médiatiques à l’échelle mondiale affaiblit le pouvoir ou la capabilité du public à la participation active dans les processus de discussion, de contrôle, et de décisions politiques. (Voir : Mc Chesney, R.W. : Thesis on media deregulation, in : media, culture and society; 2003, n : 25 (1), pp. 125-133). De plus la relaxation ultérieure dans les lois et règles de propriété et de contrôle a créée une nouvelle situation plus éloignée de la diversité de production et plus proche de la concentration de propriété entre les mains d’une poignée de conglomérats mondiaux (occidentale évidemment) (voir : Bagdikian, B.H. : The new media monopoly. Boston. Beacon press, 2004) (voir aussi: Mc Chesney, R.W.: Rich media, poor democracy: communication politics in dubious times, Urbana, University of Illinois Press, 1999). Mais le problème le plus important qui nous concerne ici est celui de la transformation des grands conglomérats médiatiques en acteurs politiques puissants. Leur soumission aux intérêts économiques et leurs liens avec l’économie mondiale (globalisation) limitent leur abilité à questionner l’ordre établi et à enquêter sur les agissements de leurs maîtres et à représenter toutes les opinions (voir: Barker, Michael: Manufacturing policies: The media’s role in the policy making process. Refereed paper presented to the Journalism Education Conference, Griffith University, 29 November-2 December 2005).
Quel rôle pour l’information dans un monde inégal ?
La problématique du déséquilibre Nord-Sud de l’accès à l’information s’inscrit dans une conception des relations internationales qui met l’accent sur l’interdépendance et la coopération. C’est dans ce cadre qu’il faut approcher le rôle de l’information dans la compréhension Euro Méditerranéenne. La libre circulation de l’information devient, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, un enjeu de la Guerre froide et constitue un des grands contentieux entre les Etats. Selon l’UNESCO, la question de la libre circulation de l’information était interprétée selon deux logiques fondamentalement opposées. (voir : UNESCO, Rapport mondial sur la communication: les médias face aux défis des nouvelles technologies, Editions UNESCO, 1997, p. 216).En effet, l’UNESCO affirme que la conception des démocraties occidentales se fondait sur l’article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (Article 19: « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit »), et prônait l’élimination de toutes les barrières qui entravaient la recherche, la réception et la diffusion des informations et des idées tant à l’intérieur des Etats qu’au delà de leurs frontières. A contrario, la conception de l’Union Soviétique et des démocraties populaires trouvait ses origines dans la théorie communiste qui définit les médias en tant qu’instruments d’éducation contrôlés par l’Etat, en vue d’accélérer l’édification du socialisme. Dès lors, au principe d’une libre circulation sans entrave de l’information, l’Union Soviétique et les démocraties populaires opposaient celui d’un échange contrôlé de l’information, dans le respect de la souveraineté et de la non-intervention dans les affaires intérieures de l’Etat.
Dans ce contexte de tension internationale lié à la Guerre froide, les pays en voie de développement se déclaraient victimes de graves inégalités en matière de flux d’information entre le Nord et le Sud et considéraient “comme exagérée, déformée, voire mensongère, la façon dont les médias du Nord reflétaient leurs réalités nationales. Aussi réclamaient-ils un rééquilibrage des flux de l’information [et] donc implicitement un contrôle de l’information en provenance des pays du Nord. (UNESCO, Rapport mondial sur la communication : les médias face aux défis des nouvelles technologies, Editions UNESCO, 1997, p. 216.).
Pour répondre à toutes ces nouvelles interrogations, une Commission internationale d’étude des problèmes de la communication est établie dès 1977 par l’UNESCO. Connue également sous le nom de son Président, S. Mac Bride, le “rapport intérimaire sur les problèmes de la communication dans la société moderne” sera adopté à Belgrade le 25 octobre 1980. Le rapport Mac Bride définit les principes d’un nouvel ordre mondial de l’information : (UNESCO, Rapport intermédiaire sur les problèmes de la communication dans la société moderne, Editions UNESCO, 1978, pp. 82-83.).
- L’exigence d’un nouvel ordre mondial de l’information paraît de plus en plus généralement ressentie, même s’il est vrai que certains continuent de penser qu’il est possible d’améliorer et de réformer la situation présente sans la bouleverser fondamentalement. -Allant au delà de modifications organiques, administratives, économiques, ou de simples aménagements structurels, elle exprime la revendication de changements plus profonds et plus complexes. -La signification de cette exigence est d’abord politique. Les idées et les suggestions qui sont exprimées répondent à une aspiration diffuse mais profonde et probablement irréversible de modifier les modèles et les structures héritées de situations hégémoniques antérieures ou fondées sur la dépendance, l’injustice, l’inégalité et l’aliénation. Dans ce sens, le nouvel ordre apparaît d’abord comme une négation et un refus. -Cette exigence correspond aussi à une ambition positive de repenser les problèmes de la communication en fonction de leur caractère global et de leur interdépendance. La recherche en commun de solutions faisant appel à l’imagination créatrice de tous, reflétant la solidarité active des peuples et des Nations et capables d’orienter l’action collective apparaît comme une nécessité impérieuse au plan des exigences morales. -La construction d’un nouvel ordre mondial de l’information est intimement liée aux aspirations tendant à l’instauration d’un nouvel ordre économique international. Certains voient dans ce dernier une pré condition des transformations qui devraient intervenir dans le domaine de la communication ainsi que dans d’autres domaines: éducatif, scientifique ou social. D’autres réduisent l’interdépendance entre les deux ordres au rôle que, la communication en général et les médias en particulier, pourrait jouer pour favoriser la prise de conscience, la compréhension et sensibiliser les opinions publiques à l’égard des transformations économiques. Nombreux sont ceux qui établissent cependant un parallélisme logique entre les deux ordres. Si le nouvel ordre économique signifie l’élimination des situations d’inégalité, la réorganisation du marché mondial dans des conditions qui permettent à tous les pays de se développer en tirant le parti optimum de leurs ressources naturelles et humaines, s ‘il représente le complément économique de l’indépendance politique, s’il vise à effacer les séquelles du passé, à élargir et rendre plus efficace la coopération entre les pays, les mêmes aspirations et les mêmes objectifs s’appliquent au nouvel ordre de l’information, les deux ordres traduisant une même revendication et procédant d ‘une même exigence fondamentale. La Commission Mac Bride réaffirme ensuite une série de principes déjà évoqués au sein de l’Assemblée générale des Nations Unies et de la Conférence générale de l’UNESCO : -La communication est un élément essentiel de l’indépendance culturelle elle-même inséparable de l’indépendance politique. -L’écart grandissant qui sépare les pays disposant de la possibilité de répandre librement leurs messages et ceux qui ne bénéficient pas de cette possibilité soulève des problèmes qui affectent le monde dans sa totalité, et produit des effets néfastes pour les pays en développement comme tous les pays développés. -L’interdépendance entre pays développés et pays en développement s’accroît dans ce domaine comme dans les autres, ce qui justifie et devrait faciliter l’assistance aux pays qui désirent renforcer leurs capacités en matière de communication. -Toutes les couches sociales de la population à l’intérieur et tous les pays quel que soit leur niveau de développement devraient avoir la possibilité de faire connaître leurs problèmes, leurs situations et leurs aspirations. -La communication à sens unique devrait être remplacée par un échange de messages tous azimuts, et la communication verticale complétée par une communication horizontale. -L’échange d’idées, de nouvelles, de messages et d’oeuvres culturelles devrait favoriser la réduction des déséquilibres existants, dans le respect de la souveraineté et de la dignité de tous les peuples et sans porter atteinte à leur identité culturelle. -L’élargissement constant de la circulation de l’information devrait être recherché et favorisé grâce à une collaboration plus équitable et plus étroite dans les domaines de la culture et de l’échange des idées et des informations. Le rapport conclut que la communication « met en jeu la possibilité pour les hommes de vivre désormais en bonne intelligence en acceptant enfin « l’autre » dans sa spécificité avec non plus le souci d’imposer à cet « autre » un mode de vie et de pensée, mais le désir fraternel de s’enrichir mutuellement au contact de cultures différentes. (UNESCO, Rapport intermédiaire sur les problèmes de la communication dans la société moderne, Editions UNESCO, 1978, pp. 83-84).
Le début des années quatre-vingt marque le paroxysme de la guerre froide et de la crise des Nations Unies : crise de fonctionnement, crise financière et crise de légitimité avec le retrait des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne de l’UNESCO. (E. Glaser, Le nouvel ordre international, Paris, Hachette Littératures, Forum, 1998, p. 169). Les Etats-Unis se retirent de l’Organisation en décembre 1984 et la Grande-Bretagne en fait de même un ans plus tard. Ces deux pays n’acceptent pas ce qu’ils appellent « le terrorisme tiers-monde » de l’UNESCO. (P. Moreau Defarges, Relations internationales (2.Questions mondiales), Paris, Seuil, Points Essais, 1994, p. 223).
Dans les années quatre-vingt, la démarche tiers-mondiste révèle ses limites et ses ambiguïtés. Les efforts du Tiers monde pour créer ses propres canaux d’information butent sur les divergences entre les états même si des structures sont mises en place.
Vingt ans après les conclusions de la Commission Mac bride, l’UNESCO atteste dans son “rapport mondial sur la communication” (UNESCO, Rapport mondial sur la communication: les médias face aux défies des nouvelles technologies, Editions UNESCO, 1997), que le monde a connu de profondes mutations d’ordre politique, économique et technologique qui ont généré de nouvelles géographies, de nouvelles cultures et de nouveaux marchés.
L’opposition européenne à la mondialisation de la culture :
La technologie des communications a progressé de sorte que l’information pourrait être partagée au même instant par des millions de gens partout dans le monde. Durant les dernières décennies, nous avons assisté à un processus de convergence dans la production, la distribution et la consommation de l’information. Les moyens de communications et d’information ont connu de profondes transformations comme résultat du progrès technologique et de la révolution digitale. La globalisation galopante utilise les médias, comme outils de mondialisation des idées, cultures, modes de vie et aspirations. Ces médias sont régis par des multinationales et des intérêts spécifiques qui contrôlent par là-même le contenu de l’information, les messages politiques, idéologiques et commerciaux, transmis par ces médias. L’opposition à la « mondialisation » et à la « globalisation » des produits de l’esprit ou « produits intellectuels et culturels », a été avant tout européenne, puis canadienne, voire francophone aux débuts. C’est la réunion des ministres européens de culture, fin 1978, qui a sonné l’alarme contre le danger des industries culturelles géantes et transcontinentales. Le terme même d’industries culturelles a été utilisé par les experts français avant qu’il ne soit utilisé dans les communiqués du conseil européen. Dans son discours devant le sommet G7 à Versailles, France, en juin 1982, le président français François Mitterrand défendit le droit du Sud à avoir une politique lui permettant de conserver ses moyens de communication et les sens et symboles dont ils sont porteurs. Jack Lang (ministre de la culture à l’époque) est allé plus loin dans son discours devant le congrès international de l’UNESCO sur les politiques culturelles (Mexico, Juillet 1982) en appelant à une vraie croisade (ou Jihad dans nos termes) contre “l’impérialisme culturel”. L’Europe a concrétisé son opposition à cet impérialisme culturel, dès 1989, quand les 12 ont adopté une nouvelle stratégie qui consiste à développer et soutenir une chaîne de télévision européenne (Sans Frontière) lancée en 1984. Les Etats-Unis voyaient l’information et la communication comme “services” qui devaient être soumis aux règles du libre commerce, de même que la santé publique, l’environnement ou la sécurité. En 1993, l’Union Européenne s’est vue opposée aux Etats-Unis dans le cadre de la phase finale du cycle de l’Uruguay de l’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) qui allait donner naissance à l’OMC. Et la même année, le Canada s’est vu dans la même opposition lors de la signature de l’accord de libre échange nord-américain (ALENA) entré en vigueur en 1994. L’Europe a réussi (fin décembre 1993) à faire inclure ce principe dans l’accord final du GATT. Le Canada avait réussi à imposer dans ses négociations sur le GATT la reconnaissance du “statut particulier des produits de l’esprit” et la protection de l’identité culturelle canadienne. Cet article (article 2005) fut connu sous le nom de « protection de l’exception culturelle ». La France a adopté le principe de “l’exception culturelle”. En février 1995 le G7 se réunissait à Bruxelles dans un sommet sur les “nouvelles techniques d’information et de communication”. Albert Gorr représentant les Etats-Unis prônait son projet (soutenu à l’époque par le président Clinton) appelé (Super Highways of informations). Tandis que les Européens supportaient leur projet présenté en 1993 par Jacques Delors (président de l’Union Européenne à l’époque) connu sous le nom de (inforoutes). Le projet américain centrait sur l’initiative individuelle comme moteur de la société de communication et sur la libre compétition sans frontières ni barrières, prônant de faire du commerce électronique “une zone mondiale de libre échange”. (Clinton signera ce projet en juillet 1997). L’Europe défendait son unité dans la diversité culturelle, et prônait le développement et la compétition, mais dans le cadre d’une mobilisation générale de tout le système industriel européen pour créer des chances de travail. L’Europe visait à construire un cadre organisationnel et une base financière crédible pour contrôler l’effritement des marchés et des compagnies européens de l’audio-visuel et ainsi pouvoir utiliser les énergies et capacités de la révolution informatique d’une façon bénéfique surtout dans le domaine de la lutte contre le chômage, en vue de transformer le marché européen en un atout principal dans tout conflit sur le marché international. Le projet européen voulait faire de la pluralité culturelle des Etats de l’Union un point de force et non pas une faiblesse. Depuis, la France et le Canada sont devenus les pionniers dans la lutte pour une “convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles”. Cette convention fut adoptée à la conférence générale de l’UNESCO, le 20 Octobre 2005 par 148 voix contre 2, et 4 abstentions. L’objectif de la convention est de garantir dans le domaine de la culture la liberté des Etats de définir et de mener des politiques pour préserver la diversité de leurs expressions culturelles. C’est grâce à l’Union Européenne, au Président Jacques Chirac, que ce texte fut passé, pour dire que les oeuvres culturelles ne peuvent pas être assimilées à des marchandises.
Dialogue et compréhension mutuelle :
Comment bâtir l’amitié Euro-Med ?
La compréhension mutuelle nécessite dialogue, en vue de connaissance et de solidarité. Sans connaissance de l’autre, sans solidarité avec l’autre, le dialogue serait polémique ou simple échange de formalités. La connaissance de l’autre, différent, pluriel, avec qui nous devons se comprendre, s’entendre et coopérer, signifie l’échange d’informations et de communication. Les deux critères de toute connaissance, objective sont la vérité et l’équité. L’information et la communication doivent se baser sur ces deux critères de vérité et d’équité, pour être objectifs et utiles dans la formation de l’opinion publique et des attitudes générales envers l’autre. L’Imam Ali disait que l’ignorance est la source de l’inimitié, la connaissance la base de l’amitié. Jean Paul II disait que l’amitié ne se limite pas au niveau des individus, mais doit être construite entre peuples et nations. Pour bâtir l’amitié, il faut dissiper les idées fausses et les stéréotypes qui engendrent la peur de l’autre, l’animosité et la phobie. C’est le domaine de l’information. Le processus de Barcelone (Nov. 1995) est envisagé comme cadre élargi de relations politiques, économiques et sociales entre les Etats membres de l’Union Européenne et les 12 partenaires de la rive sud de la Méditerranée. Les 3 grands objectifs du partenariat sont : 1-La définition d’un espace commun de paix et de stabilité au moyen d’un renforcement du dialogue politique et de sécurité (volet politique et de sécurité). 2-La construction d’une zone de prospérité partagée au moyen d’un partenariat économique et financier, et l’instauration progressive d’une zone de libre échange (volet économique et financier). 3-Le rapprochement entre les peuples au moyen d’un partenariat social, culturel et humain qui vise à favoriser la compréhension entre les cultures et les échanges entre les sociétés civiles. (volet social, culturel et humain). En 2005, la migration fut ajoutée comme un secteur-clef pour l’initiative Euro-Med ; fut ajouté aussi un code de conduite anti-terroriste qui se base sur les résolutions des Nations-Unies. Le dialogue et l’échange d’informations doit toucher ces objectifs ou volets, en s’arrêtant sur les points d’incompréhension et de conflit entre les 2 rives: A.Les différences culturelles: 1-En partant du principe d’exception culturelle prôné par l’Europe dans les années 90, et voté par l’UNESCO en 2005, l’échange et la communication doit prendre en compte les aires culturelles différentes: l’Europe occidentale catholique, l’Europe orientale orthodoxe, le Moyen Orient et l’Afrique du Nord musulman. Ainsi que la pluralité et la diversité à l’échelle régionale, tout en centrant sur les situations conflictuelles aigues (Palestine, Liban,Iraq, Balkans,..).
2 -La relative unité linguistique sur la rive sud (langue arabe) et la grande diversité au nord (côté européen). 3 -L’Islam largement présent sur la rive nord avec les problèmes engendrés par l’intégration et la citoyenneté. 4 -L’Occidentalisation rapide et aigue au sud avec les crises identitaires accompagnant. 5 -Jeunesse, pauvreté et Islam au sud; vieillesse, richesse et chrétienté au nord, avec des nuances dans le détail.
6. la présence chrétienne arabe sur la rive sud est facteur de richesse et d’échange culturel.
B. Clivages économiques très forts:
1 -Ruptures majeures au niveau du PIB/ habitant
2-Ecart de richesse important entre les états de l’Union Européenne et les autres.
3-Même les pays européens les moins avantageux de l’économie mondiale et qui sont au dessous de la moyenne européenne, dépassent largement les pays arabes : le PIB/hab. de la Grèce (12 millions d’habitants) est équivalent à ceux de l’Egypte, la Syrie, le Liban et la Jordanie cumulés (à peu près 100 millions d’habitants).
C. La migration :
1 -Les déséquilibres économiques entrainent d’importants flux migratoires vers le nord.
2 -Le phénomène s’aggrave avec les migrations clandestines et le changement d’état de quelques pays qui étaient terres d’émigration en terres d’immigration (Italie, Espagne, Grèce).
3 -Le phénomène devient dangereux avec la montée du fondamentalisme, le fanatisme, la crise d’identité et le terrorisme.
D. Politique et sécurité :
1 -Les Européens centrent sur les problèmes de sécurité régionale et de coopération bilatérale entre Arabes et Israéliens.
2 -Après 17 ans de la conférence de Madrid, et 13 ans de Barcelone, pas de paix et de stabilité, ni de sécurité au Moyen Orient.
3 -L’Europe n’a jamais essayé de jouer un rôle ou de préciser son rôle dans le processus de paix.
4 -Les Etats Unis définissaient le rôle européen ou lui assignaient un domaine ou un champs d’action (exemple le rôle avec l’Iran ou la Syrie) mais pas un rôle européen indépendant et actif dans le processus de paix.
5 -La question des aides et de l’assistance socio-économique est devenue centrale dans la vision européenne, sans toucher le problème du vrai partenariat.
E. La politique Européenne de voisinage :
1 -Son objectif est d’éviter que le clivage entre les pays de l’Union Européenne et ses voisins ne soit trop fort.
2 - Les grandes orientations de la politique Européenne de voisinage sont mises en place le 12 mars 2004, et ne concernent pas tous les états du pourtour méditerranéen: c’est favoriser les accords bilatéraux au dérivement du processus global de Barcelone.
3 -Les actions de cette politique Européenne de voisinage reflètent les priorités européennes du XXIe siècle face aux problèmes politiques (crise du moyen orient) et aux difficultés économiques des pays du sud et de l’Est.
Les objectifs de cette politique Européenne de voisinage sont :
1 -Proposition d’assistance pour aligner les législations et la règlementation sur celles de l’Union Européenne afin d’améliorer l’accès au marché intérieur.
2 -Proposition de participation à un certain nombre de programmes communautaires, notamment dans les domaines de l’éducation, de la recherche, de l’environnement.
3 -Stimulation de la coopération sur les questions de gestion des frontières, de mouvements de population, de trafic d’êtres humains, de criminalité organisée, de blanchiment de capitaux et de criminalité financière et économique.
4 -Amélioration des liens avec l’Union Européenne dans les domaines de l’énergie, des transports et des technologies de l’information.
5 -Intensification du dialogue et de la coopération dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive et en matière de résolution des conflits régionaux.
Conclusion et remarques
1 -L’Europe ne parle pas la même langue et n’a pas une seule voix vis à vis le problème politique central au Moyen Orient.
2 -Les Arabes eux mêmes n’ont pas une même langue ou la même voix.
3 -L’Europe a été le meilleur soutien à l’autorité palestinienne. Sans l’assistance européenne l’autorité palestinienne s’effondrait.
4 -Y a-t-il vraiment une possibilité pour une politique européenne commune vis à vis le Moyen Orient, qui soit indépendante de celle des Etats-Unis ?
5 -Il y a aujourd’hui en Europe 2 courants d’interprétation de l’initiative de Barcelone:
a. L’initiative est une expression de la volonté européenne d’aboutir à un espace de sécurité commune élargie avec son voisinage qui est source des migrations et d’instabilité.
b. L’initiative est l’expression de la compétition
géopolitique et économique avec les Etats-Unis.
Dans les 2 cas, la Méditerranée doit bénéficier de cette initiative.
6 -L’Europe ne peut pas bâtir sa société de bien être sans la mise en place d’une relation d’équité avec le sud.
7 -L’exigence de transparence, de visibilité et d’efficacité est aujourd’hui la base des relations entre Europe et Moyen Orient, entre Nord et Sud. Quelle est donc ici la valeur ajoutée à cette exigence dans l’initiative européenne?
8 -La société civile Internationale est devenue un fait et une réalité, refusant les projets surdimensionnés qui oublient que la priorité devrait être la satisfaction des besoins de base.
9 -IL y a un grand écart entre la communauté des décideurs et la communauté des intellectuels et acteurs sociaux.
10 -Il y a une grande différence entre l’information-propagande et mobilization, et l’information-connaissance. C’est çà le grand problème sur les deux rives de la méditerranée.